[Présentation lors d'une analyse et discussion", organisée au Palais des Nations, à Genève, le 31 juillet 2001, par l'Association pour l'Education Mondiale (Association for World Education)]

 La Culture de la Haine

 BAT YE'OR


     On n'a jamais autant parlé du dialogue des civilisations et de la culture de la paix que ces derniers temps où l'on assiste à une véritable culture de haine, à un déferlement  de terrorisme contre des civils, de discrimination et d'intolérance religieuse. Cette culture de la haine a justifié le terrorisme international, le terrorisme médiatique, la piraterie aérienne et maritime, qui ont fait d'innombrables victimes innocentes. La culture de la haine a de multiples têtes de l'Algérie à l'Afghanistan en passant par Gaza,  Damas, le Caire,  Khartoum,  Téhéran et ailleurs. D'un bout à l'autre de la planète, elle sème le terrorisme.

     C'est une haine qui dénie toute humanité, supprime la liberté de pensée, condamne la différence. Cette haine se nomme "jihad islamique". Elle invoque des textes religieux que d'autres musulmans contestent. Et parce qu'ils contestent cette interprétation et en proposent d'autres, parce qu'ils veulent vivre en paix avec les nations du monde, leur vie est menacée. Le sang coule constamment en Algérie. Le jihad sème la mort et la terreur en Israël. Au sud-Soudan il a causé la mort de 2 millions de personnes environ, un nombre incalculable de réfugiés et d'esclaves et provoqué des famines meurtrières. En Indonésie, les violences ont fait 200.000 morts au Timor oriental; les populations chrétiennes des Moluques et d'autres îles, ont été chassées, massacrées, leurs églises incendiées par le jihad. Et il en est de même dans certains Etats du Nigéria. Des centaines de personnes innocentes sont mortes quand le jihad a frappé la communauté juive à Buenos Aires en Argentine, et les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie. Des Coptes ont été massacrés en Egypte, dans leurs églises ou leurs villages, des touristes ont été tués. Des accusations de blasphème sèment la terreur parmi les Chrétiens du Pakistan et en Iran. Aucune de ces victimes n'avaient commis de crimes. Elles ont été assassinées par la haine. 

     C'est contre cette haine que l'Etat d'Israël se bat. Or les textes préparatoires sur la conférence contre le racisme à Durban, n'ont pas condamné cette culture de la haine mais ils l'ont réhabilitée. Quand certaines de leurs propositions condamnent le sionisme, cette conférence encourage le jihad, la culture de la guerre contre les infidèles, elle flétrie les principes de liberté et de droits de l'homme. Elle fait preuve de racisme négationiste. Car le mot Sion qui désigne le pays d'Israël et sa capitale Jérusalem, existe dans des textes vieux de près de trois millénaires. C'est l'empereur romain Hadrien qui a appelé ce pays: Palestine en 135 de notre ère. Et dans cette Palestine-là,  on n'y parlait pas l'arabe, on n'y enseignait pas le Coran mais la Bible, et la population était juive.

      La Palestine fut colonisée cinq siècles plus tard par les armées arabes du jihad islamique. Beaucoup de juifs furent alors massacrés, d'autres déportés en esclavage en Arabie, tout le peuple fut exproprié et réduit à l'état de dhimmis, comme le furent tous les indigènes juifs et chrétiens des pays du Sud méditerranéen conquis par le jihad, et ceux de beaucoup de pays d'Europe. Est-ce que ces pays conquis par l'islam tels que le Portugal, l'Espagne, la Sardaigne, la Sicile, la Crète, les régions sud de la France, de l'Italie, sont des terres arabes? La shari'a fut imposée jusque dans des provinces de Hongrie et de Pologne, sans parler de toute l'Europe centrale, y compris des régions de la Grèce, de l'ex-Yougoslavie, la Roumanie et la Bulgarie jusqu'à la fin du 19è siècle. Est-ce que ces pays sont des terres musulmanes et leurs habitants non-musulmans doivent-ils redevenir des dhimmis dont le témoignage est refusé par les tribunaux islamiques? Vont-ils à nouveau porter des vêtements discriminatoires comme l'exigent aujourd'hui les Talibans? Subir l'interdiction de construire et de rénover leurs églises comme les Coptes en Egypte? 

     Si le mouvement de libération des juifs dans leur patrie ancestrale est du racisme, alors tous les mouvements de libération contre l'expropriation et la servitude imposées par le jihad sont racistes. Une telle position réhabilite l'impérialisme du jihad islamique qui a fait des millions de victimes pendant plus d'un millénaire sur trois continents, déporté un nombre incalculable d'esclaves, annihilé des peuples entiers, détruit leur histoire, leurs monuments et leur culture. Les Coptes ont-ils droit à leur histoire, à leur langue? Les Kabiles à la leur? Ne pas mentionner toutes ces victimes c'est faire du racisme à leur égard, un racisme historique qui nie leur histoire, leur souffrances et leur mémoire.

     Le racisme arabe consiste à appeler le pays d'Israël: terres arabes, alors que aucune province, village ni ville palestinienne, y compris Jérusalem,  ne sont mentionnées ni dans le Coran, ni dans aucun texte arabe avant la fin du IXè siècle de notre ère. Par contre elles sont mentionnées en hébreu dans la Bible qui représente le patrimoine religieux et historique du peuple juif. La Bible qui raconte l'histoire de ce pays, la raconte en hébreu, la langue du pays, et non en arabe. 

     Le racisme palestinien consiste à affirmer que toute l'histoire d'Israël, l'histoire biblique est une histoire arabe, islamique et palestinienne. Les rois et les prophètes d'Israël étaient des rois et des prophètes arabes, palestiniens et musulmans, comme l'étaient Jésus, sa famille et les apôtres. Celà signifie que non seulement les juifs sont dépossédés de leur histoire, mais également toute la Chrétienté, par l'islamisation de la Bible. De nouvelles théologies de la substitution se développent, transférant à la Palestine arabe et musulmane, le patrimoine d'Israël. 

      L'impérialisme du jihad consiste à s'approprier toute l'histoire et l'identité des peuples qui furent vaincus et rejetés dans la non-existence de la dhimmitude. C'est la négation totale de l'autre, le refus de le reconnaître comme un égal. Le combat d'Israël n'est pas un combat de colons, comme certains courants politiques européens se plaisent à le dire, parce que l'Europe a eu elle-même une histoire coloniale sur tous les continents et qu'elle la projette sur Israël comme elle projette sa propre histoire de nazisme sur les Israéliens, prenant ainsi sa revanche sur les révélations des historiens. Le combat d'Israël n'est pas un combat contre le monde musulman, c'est un combat pour purifier sa conscience de la haine du jihad. C'est la libération d'un peuple de l'esclavage de la dhimmitude qui lui fut imposée pour l'exterminer dans son propre pays. C'est pourquoi des chrétiens qui refusent les nouvelles théologies de la substitution se joignent au combat d'Israël, comme le font des musulmans qui refusent que les valeurs de l'Islam soient perverties par la théologie du jihad. Et c'est par cet effort commun que nous pourrons remplacer la culture de la haine par celle de l'amitié et par la réconciliation entre les peuples. 

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